Et si parfois nous choisissions de ne rien dire…

Une piste de réflexion autour d’une manière de pratiquer l’écoute active, un des outils de « base » dans l’approche Faber et Mazlish

Que cherchons-nous le plus avec nos enfants ?

Les aider à grandir ?

Leur apprendre à devenir des personnes sociables, bien dans leur peau, épanouies, qui « réussissent » ?

Quel est notre souhait le plus cher pour eux ? Que voudrions-nous par dessus tout leur transmettre ?

Il y a quantité de réponses, propres à chacun et chacune d’entre nous, propres à chaque enfant, chaque relation.

Il me semble qu’au delà des activités, des discussions, des règles, des principes, de la transmission de nos valeurs, il y a, au plus profond de nous, un élan de maintenir, de nourrir un lien très particulier avec ces êtres à la fois si proches et si différents de nous.

Qu’est-ce qui va favoriser ce lien ? Comment augmenter nos chances de rester connectés ?

C’est en s’observant que l’on prend conscience de nos manières « tragiques » de communiquer parfois, celles qui conduisent toujours au même résultat, mais que nous continuons quand même à utiliser par habitude, et aussi par ignorance qu’il existe d’autres manières de faire.

Allumons notre caméra intérieure et en regardons nos scènes de vie quotidienne, sans juger, sans se juger.

Quand je m’apitoie sur le sort ma fille qui vient de se disputer pour la énième fois avec sa copine, ou quand je m’angoisse à cette idée, quand je lui dis comment elle devrait faire ou quand je m’agace qu’elle n’aie toujours pas compris que sa copine était une peste ou encore quand je considère que c’est à ma fille de faire des efforts, ou même quand je lui dis que ce n’est pas grave, que se passe-t-il pour elle ?

A quel moment puis-je affirmer ou pas que mes réflexions/jugements/conseils/dénis vont l’aider, la soutenir vraiment à se faire sa propre opinion, à chercher sa propre solution, à trouver en elle cet espace et ce temps nécessaires à sa propre réflexion ?

Est-ce que je lui facilite la vie, comme c’est souvent mon intention de départ ?

Ou au contraire, est-ce que je lui envoie un message du genre : « Je vais te dire quoi faire, quoi penser, comment tu dois faire pour régler ton problème, tu n’es pas capable, je sais mieux que toi… » ?

Parfois, il « suffit » juste d’écouter, de refléter, d’attendre, de retenir nos mots et de faire confiance…

Parfois, un simple regard, un simple « hum, je vois », un moment de complète disponibilité à notre enfant, dans l’observation et l’arrêt de nos ruminations mentales, va avoir un impact plus puissant que notre précipitation à résoudre son problème.

Comme avec un ami cher qui a juste besoin de déposer son chagrin ou sa colère et que nous accueillons en le prenant dans nos bras sans rien dire.

Comme quand un enfant se blesse le genou et qu’il n’attend qu’un gros câlin ou un bisou réconfortant…

Et si cela donnait à l’enfant l’opportunité de s’apaiser d’abord puis de regarder à l’intérieur de lui-même et de se dire « je suis capable » de trouver une solution à mon problème…

Et si on commençait simplement par….se taire… et à l’intérieur aussi… dans une intention d’ouverture et de connexion AVANT TOUT…

Et si nous essayions d’être juste un « accompagnant » par moment, juste d’être là, vraiment là, avec notre corps, notre coeur et notre « silence actif », juste pour voir ce qui se passe, pour observer… ça vous tente ?

Janvier 2018

 

Tous les sentiments sont légitimes, mais les comportements ne sont pas tous acceptables.

Tous les sentiments sont légitimes, mais les comportements ne sont pas tous acceptables.
Haim Ginott
Accueillir les émotions, écouter activement nos enfants, c’est mesurer leur tristesse, leur colère, leur désarroi, leur frustration, leur peur…. ce n’est pas forcément être d’accord avec le comportement qui va avec. Ce n’est pas forcément comprendre… Les enfants n’ont pas besoin qu’on soit d’accord, ils ont besoin qu’on reconnaisse ce qu’ils ressentent.
Je peux dire bienvenue à ce que tu ressens et en même temps, poser clairement que la façon dont tu le dis, le geste qui va avec, le comportement que tu adoptes ne me va pas.
On peut accueillir le sentiment ET rediriger le comportement, poser nos limites du moment.
« Je n’aime pas ce que je viens d’entendre. Tu as l’air déçu, ok. Tu peux me le dire d’une autre façon. »
« Je vois que tu es furieux après notre discussion. Tu peux me le dire avec des mots respectueux , pas avec ce vocabulaire qui ne me donne pas envie de t’écouter ».

Notre travail ne consiste pas à rendre nos enfants heureux, mais plutôt à les aider à devenir plus humains.

Haim Ginott

 

Le respect, c’est pour TOUT LE MONDE !

J’observe parfois qu’au nom de la « bienveillance » ou d’un certain regard sur une « éducation qui respecte les enfants », on en vient à oublier notre bon gros bon sens lors de certaines situations, voir à nous oublier nous-même…

Rien de jugeant dans mon propos (surtout que je me mets dedans ! ), juste comme une petite « mise au point » sur ce qu’EST ou  n’EST PAS, pour moi, et dans mon interprétation de  Faber et Mazlish, une approche de communication basée sur le respect mutuel et la recherche de solutions.

Juste pour clarifier et essayer de faire en sorte qu’on parle bien de la même chose.

Je rebondis donc sur les questions suivantes que j’ai eues, ça et là, dans des échanges, écrits le plus souvent.

« Ma fille de 3 ans tape et embête tout le temps son petit frère de 10 mois, lui retire ses jouets et le bouscule, je ne sais pas comment réagir sans la braquer. »

« Mon fils de 6 ans me tape dès que je lui refuse quelque chose. Que faire si je veux éviter de le punir? »

« Ma fille de 14 ans insulte son père et a balancé récemment un livre à travers la pièce tellement elle était enragée. Elle n’écoute rien de ce que je lui dis. Au secours! »

Je précise qu’à mon sens, un enfant, petit ou grand,  qui réagit comme cela a besoin qu’on l’écoute et c’est le sujet de bien d’autres articles donc je ne m’étendrai pas sur ce point-essentiel !- ici.

Je remarque que très souvent, les parents qui écrivent cela en demandant du soutien ou des conseils, sont déjà sensibilisés à l’importance d’accueillir les émotions des enfants et donc ont conscience que leur enfant est en colère par exemple et que le menacer ou le punir ne va rien arranger.  Conscients donc de ce qu’ils souhaitent éviter et en même temps bien démunis !

Comme si poser sa limite du moment était impossible sans être autoritaire et sans déroger à « je ne sais quelle sacro-sainte règle de mode Positivo-Bienveillante-sans-violence interprétée à la sauce du moment » (bon je sais, j’en fais un peu trop mais c’est tout à fait volontaire, et surtout, ça m’arrive parfois aussi, de me retrouver là, toute molle et démunie, à ne pas savoir comment faire, tellement je n’ai plus envie de rentrer dans le rapport de force que je sais évitable maintenant…)

Je voudrais juste préciser que se mettre à l’écoute de son enfant ne veut pas dire :

  • être d’accord
  • tout cautionner sous prétexte qu’une émotion le traverse
  • oublier les besoins des autres (nous-mêmes ou les frères et soeurs)
  • ne pas utiliser l’usage de la force protectrice lorsqu’un autre enfant ou nous-même subissons une violence physique ou verbale
  • être « Bisounours » 

 

En conséquence, on peut à la fois reconnaitre et accueillir l’émotion et/ou le besoin d’un enfant ET EN MEME TEMPS stopper/intervenir fermement/rediriger/ affirmer notre désaccord sur un comportement.

On peut respecter notre enfant ET se respecter/respecter un autre enfant.

Quelques exemples (on peut en trouver beaucoup d’autres) :

« Tu as très envie de jouer avec les jouets de ton petit frère, tu peux lui demander doucement, lui proposer un autre jouet en échange, le faire rigoler pour qu’il ait envie de te le passer… »

« Tu as très envie de jouer avec les jouets de ton petit frère et en même temps, je ne suis pas du tout d’accord pour que tu les lui arraches des mains. Dans cette maison, on cherche des solutions qui conviennent à tout le monde. »

« STOP! Tu ne frappes pas. Si tu as très envie de quelque chose, tu le demandes ou tu l’échanges. » 

« Tu as le droit de ne pas être d’accord, dis-le moi avec des mots pas avec ta main. » 

« Tu es en colère, montre le-moi en dessinant si tu veux ou en sautant très fort, pas en me tapant. »

« Pas d’insultes, pas de coups, pas de lancé d’objets. Dans cette maison, on se respecte. Tu as le droit d’être en colère, tu peux le dire autrement. » 

« Hors de question que tu me parles de cette façon. Hors de question que je t’écoute dans ces conditions. Tu peux exprimer ce que tu ressens sans insulter ou lancer des objets et je serai alors plus réceptive. » 

Bon, après, on fait comme on peut à un instant donné, je vous l’accorde ! Et rien ne garantit que cette façon de parler et d’agir va tout régler.

Un truc quand même : l’avantage, c’est que comme les enfants nous donnent plein de chances de nous retrouver dans la même situation plusieurs fois de suite, on peut anticiper et préparer sa réponse pour la prochaine fois et augmenter nos chances de gagner en sérénité ! On essaye ?

Envie d’en savoir plus, d’avoir des pistes et de vous entrainer à mettre en place  une manière de faire où tout le monde est respecté (l’enfant ET AUSSI le frère, la soeur,  les parents, le chat et le poisson rouge entre autres…) ???

Je vous propose de plonger dans le bain des livres et/ou les ateliers d’Adele Faber et Elaine Mazlish comme  belle résolution pour 2018 ! Qu’en pensez-vous?

 

Bonne année 2018!

Bienvenue en 2018!
Année de la communication!

Je vous souhaite des relations qui s’appuient sur l’ABCdaire suivant :
Amour
Bienveillance
Chaleur humaine
Détente
Empathie Écoute Émotions
Fluidité
Gaité
Humour
Inspiration
Joie
Kilos de douceur
Liberté
Musique
Nouveauté
Ouverture
Partage
Qualité
Respect
Sourire
Tendresse
Unicité
Variété
et peut-être même en choisissant entre le
Whisky,
la
Xylocaine
ou le
Yoga
pour garder votre
Zénitude!

Avec coeur…

Est-ce que ça marche à tous les coups d’utiliser les outils Faber et Mazlish?

Voici la réponse des auteurs :

« Nous espérons que non.

Les enfants ne sont pas des robots.

Notre but n’est pas de présenter une série de techniques de manipulation du comportement, capables d’entrainer une réaction automatique.

Notre but est de nous adresser à ce qu’il y a de meilleur chez nos enfants : leur intelligence, leur initiative, leur sens des responsabilités, leur sens de l’humour, leur capacité à être sensibles aux besoins des autres.

Nous voulons mettre fin aux discours qui blessent l’âme et recherchons un langage qui nourrit l’estime de soi.

Nous voulons créer un climat émotionnel qui encourage les enfants à coopérer, parce qu’ils se soucient d’eux-mêmes et qu’ils se soucient de nous.

Nous voulons donner l’exemple d’une communication respectueuse, espérant voir nos enfants l’utiliser avec nous : maintenant, pendant leur adolescence, et, finalement, une fois devenus nos amis à l’âge adulte.  »

Adele Faber et Elaine Mazlish dans « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que nos enfants parlent »

Citation

Si vous voulez rendre vos enfants meilleurs, donnez-leur l’occasion d’entendre tout le bien que vous en dites à autrui.
Haim Ginott        Entre parents et adolescents (1969)

Et si Punir était comme dédouaner notre enfant?

Voici quelques phrases tirées d’un échange entre Haim Ginott et des parents à propos de la punition , relatées dans  « Votre guide pour une famille plus heureuse »:

« H G : Quand on punit un enfant, on lui enlève une occasion de se regarder en face.

Réaction d’un parent  : Mais si on ne le punit pas, il s’en tire à bon compte!

H G : Au contraire, quand on le punit, on lui rend la tâche trop facile. Il sent qu’il a subi les conséquences de son crime et qu’il a purgé sa peine. Maintenant, il est libre de recommencer.

Or, on voudrait qu’il regarde à l’intérieur de lui-même, qu’il fasse son cheminement émotionnel, qu’il commence à assumer un peu la responsabilité de sa propre vie. »

Dans une relation reposant sur le respect mutuel pour les sentiments, il n’y a pas de place pour les punitions. La plupart des parents reconnaissent d’ailleurs qu’il ne sont pas confortables et/ou satisfaits avec le fait de punir.  Ils « sentent » que ça ne leur convient pas plus qu’aux enfants. Ils le font souvent parce que c’est le dernier recours, parce qu’ils se sentent démunis.

Alors comment faire pour remplacer la punition? Il existe de nombreux outils de communication dans l’approche Faber et Mazlish pour accompagner nos enfants à prendre conscience et mesurer les conséquences de leurs actes, à réfléchir à des moyens pour réparer, éviter de recommencer, assumer leur responsabilité. Des outils efficaces qui ne vont pas abimer nos relations avec eux et diriger leur attention vers la coopération, le respect et la recherche de solution. Des outils accessibles via les livres et les ateliers.  Des outils qui nous donnent à nous aussi, les adultes, le sentiment d’être constructifs, et que NOS besoins sont pris en compte autant que ceux de nos enfants.

Des outils pour aller vers plus de sérénité familiale.

L’un de ces outils (je ne peux pas les donner tous ici mais ils sont tous disponibles dans les livres) consiste à indiquer à votre enfant une façon de se rendre utile, plutôt que de le menacer ou de le punir.

ex : Votre enfant court dans tous les sens dans le supermarché.

Le « Tu vas voir ce que va dire ton père » peut devenir « Ca serait utile que tu t’occupes de choisir les tomates. »

ou  après le repas, la cuisine est sans dessus-dessous.

Au lieu de « Tu ne m’aides jamais à ranger, j’en ai marre, tu n’auras pas de dessert! », essayez plutôt  » Ca me rendrait service que tu vides le lave-vaisselle ».

ou encore vos enfants se chamaillent alors que vous êtes en train de terminer une tâche importante et que vous êtes en retard.

Plutôt que « Ce n’est pas bientôt fini, je vais vous envoyer chacun dans votre chambre et pas de jeux videos de toute la semaine! », on peut tenter un  » Je suis en retard dans mon travail, si vous pouviez trouver un moyen de vous avancer tous seuls sur le programme de ce soir, par exemple en préparant vos affaires pour demain, ça serait d’une grande aide pour moi! »

Evidemment, rien ne garantit un résultat à chaque fois, et en même temps, en évitant de blâmer, menacer, punir, vous augmentez vos chances d’obtenir de la coopération

Alors, envie de faire autrement?

 

Faire à notre enfant le cadeau de l’écouter, c’est lui donner l’espace et le temps de poser ce qu’il a sur le coeur et de contacter ses propres ressources, c’est le regarder comme étant capable de faire autrement, c’est lui insuffler la confiance qu’il peut avoir en lui-même. Ecouter vraiment, c’est simple et difficile, ça s’apprend, ça se découvre.